Sortir de l’ombre : pour passer à la lumière
Un tout nouveau livre publié par L’arc-en-ciel littéraire ne manquera pas de faire jaser. Sortir de l’ombre est un collectif de courts récits et nouvelles abordant le thème de la sortie du placard.
J’avais hâte de lire l’ouvrage. La réalité gaie fait partie de mon quotidien. À ce titre, ce genre de livre ne pouvait que m’intéresser.
L’arc-en-ciel littéraire est un regroupement d’auteurs gais ayant pour but de distribuer leurs écrits de façon indépendante des créneaux actuels et de leur assurer une meilleure visibilité. Fondé par Réjean Roy, auteur primé et reconnu, en collaboration avec Richard Bradley, de nombreux autres auteurs ont opté pour cette maison d’édition audacieuse, en publiant romans et ouvrages d’une qualité de plusieurs crans au-dessus de la littérature gaie habituelle. Car bien que ce recueil soit le premier, il ne sera certes pas le dernier!
Il est rafraîchissant de lire du sérieux dans un monde gai où l’art se résume souvent à la pornographie pure et simple. Tellement de choses restent à dire sur la réalité de la vie gaie qu’un livre du genre de Sortir de l’ombre ne peut qu’être bien accueilli.
Sur onze auteurs, deux ont préféré garder l’anonymat et c’est dommage. Wilhelm Storitz, avec son histoire de Ceste, signe une véritable critique de ce que l’Ancien Testament comporte d’invraisemblable dans le livre de la Genèse. Une révision apparemment émoustillante de l’histoire de Caïn et Abel.
Parmi les auteurs sortis de l’ombre, Réjean Roy, avec L’intolérance dormeuse, présente un récit cauchemardesque pour tout employé de bureau. Mais aussi La déesse, une sortie du placard amusante par sa conclusion, malgré la violence sous-jacente. La vedette et l’aviateur, de Richard Bradley, où deux hommes ont sacrifié leur amour aux conventions sociales pour leur plus grand malheur. Denis-Martin Chabot, journaliste à la télévision de Radio-Canada, signe deux textes, dont La porte du placard, empreint de tristesse et d’espoir. Marcel F. Raymond, avec Sortir de l’ombre, va rappeler des souvenirs aux gais faisant partie des baby-boomers. Janick Belleau et Valérie Côté font, comme il se doit, la part belle aux femmes dans leurs récits. Chronique d’un suicide arc-en-ciel, de cette dernière, est difficile à lire, mais l’espoir transpire à toutes les pages. Les auteurs Robin Gravel, Marc Maillé et Aphrodite complètent l’ensemble ayant participé au projet.
À lire ce court ouvrage, je suis encore plus conforté dans ma croyance, à savoir que gais et hétéros se ressemblent. Gai ou pas, un homme demeure un homme, avec ses forces et ses faiblesses. De même pour les femmes. Si seulement cette vérité toute simple était comprise, la flamme sulfureuse de l’homophobie serait vite à court d’alimentation.
Un excellent livre, quelle que soit son orientation. Un excellent premier pas qui augure bien pour la suite, puisque le président fondateur du regroupement, Réjean Roy l’indique : « C’est un premier pas vers une œuvre plus complète et plus riche. D’ailleurs, L’arc-en-ciel littéraire souhaite répéter cette expérience collective sur une base annuelle afin d’enrichir notre bagage culturel ».
On y trouve des sorties de placard diversifiées, parfois tristes ou ironiques. En quinze court récits et nouvelles, c’est la vie des gais et lesbiennes qu’on raconte au fil des pages. Une vie toute simple, celle des humains.
Par : Mario Landerman http://www.zoneculture.info/